L’objectif de cet article dont une partie a été présentée au XXXème Colloque annuel international Langue et Culture à l’Université d’Etat de Tomsk en septembre 2019, est d’exposer un ensemble de réflexions issues de nos pratiques d’enseignement de la statistique et des mathématiques ainsi que de celles de l’encadrement méthodologique de travaux de recherche réalisées au cours des 45 dernières années. La statistique tout comme les sciences physiques, par exemple, est construite avec des instruments mathématiques, sans pour autant pouvoir s’y réduire. La statistique se développe dans la tension dialectique et dynamique entre les deux domaines indissociables, celui de la statistique mathématique et celui de la statistique appliquée à un domaine de connaissance comme par exemple l’économie, les sciences humaines et sociales, ou encore la mécanique statistique. Cette dépendance de la statistique à l’égard des outils mathématiques est largement perçue par ceux en font l’apprentissage et l’usage. Nous tentons d’expliciter les origines des obstacles auxquels se confrontent les apprenants et les usagers. Ici nous mettons plutôt l’accent sur les origines langagières et culturelles des obstacles à l’apprentissage et à l’utilisation de la statistique. De telles obstacles interagissent aussi au sein du processus d’enseignement de la statistique. Une meilleure compréhension des effets des interactions des sujets et des objets statistiques pourrait être mise à profit dans l’organisation des dispositifs de formation à la statistique et dans l’élaboration des situations didactiques. Le cadre théorique organisé autour des trois dimensions cognition, affectivité et culture constitue un cadre pertinent pour l’intelligibilité des phénomènes observables dans les situations d’enseignement, d’apprentissage et d’utilisation de la statistique.