Dans cet article, j'évoque le cheminement qui m’a amené à m’inspirer des arborescences et voix de synthèse des serveurs vocaux interactifs (SVI) et à les utiliser dans ma pratique artistique, depuis la performance à distance jusqu'à la scène théâtrale. C'est la contrainte du confinement de mars 2020, lors de la crise sanitaire de Covid-19, qui m'a conduit à développer l'usage du téléphone pour partager mes textes avec un public distant. D'abord intéressé par la mise en place d'un véritable SVI, j'ai été confronté aux limites techniques du dispositif. Pour les dépasser, j'ai choisi d'imiter moi-même, en direct, la voix de synthèse d'un SVI selon une arborescence constituée d'hyperliens dans un traitement de texte. Particulièrement stimulé par cette tentative d'imitation de la machine et les stratégies qu'elle m'amenait à mettre en place, j'ai décliné la forme du Serveur Vocal Humain à différentes occasions, jusqu’à en faire une séquence du spectacle Je t’aime effondrement, créé en salle à l'automne 2020. Ce fut aussi le point de départ d'une réflexion sur l'usage, pour le spectacle vivant, de l'écriture en arborescence utilisée couramment dans les jeux vidéo.